Amoenitates americanae

(Amabilités américaines)



A propos du refus de la France de s'engager dans la guerre contre l'Irak (2003)

WASHINGTON, 11 fév (AFP) - Le durcissement des positions respectives française et américaine dans la crise irakienne conduit les médias américains à laisser libre cours à certains de leurs éditorialistes et caricaturistes les plus violemment anti-français.

Chirac un "pygmée" (Wall Street Journal)
Lundi, le Wall Street Journal, reprenant les propos du regretté Donald Rumsfeld, traitait le président Jacques Chirac de "Pygmée (...) travesti en Jeanne d'Arc au crâne dégarni" - aucune poursuite judiciaire n'est envisagée : le droit américain s'y oppose.

Les Français "pètent de trouille" (New York Post)
Des soldats américains "sont prêts à combattre et mourir pour sauver le monde d'un tyran aussi vil (qu'Adolf Hitler), Saddam Hussein, et où sont les Français? Ils se cachent, pètent de trouille. Proclament: Vivent les mauviettes!", affirmait lundi le quotidien populaire New York Post.

Français "perfides" (New York Times)
La violence et la fréquence des attaques anti-françaises dans les médias sont telles que le New York Times a proposé dimanche à ses lecteurs un "lexique de la francophobie". Son auteur, Geoffrey Nunberg, prenant pour point de départ les qualificatifs "perfide" et "indigne de confiance" attribués à la France la semaine dernière par deux commentateurs de télévision, remonte au XIVe siècle et à la guerre de Cent ans pour faire l'historique de ces accusations.

La lâcheté historique Française (Washington Post)
"Après quelques périphrases initiales, dont l'opacité ne pouvait cacher la nature injurieuse, de Villepin a commencé à pratiquer un talent que la France a aiguisé depuis 1870, celui de battre en retraite, cette fois dans l'incohérence", accusait un commentateur du Washington Post, George Will, au lendemain de la présentation de M. Powell au Conseil de sécurité.

"Je n'ai rien contre des attaques gratuites contre la France et l'Allemagne", qui ont, selon lui, "provoqué" et "sapé" les Etats-Unis, déclarait récemment le commentateur Charles Krauthammer sur la chaîne de télévision Fox, qui appartient comme le New York Post au magnat australo-américain Rupert Murdoch, ardent partisan de George W. Bush.

De la propreté des Français (New York Post)
Quelle que soit la bassesse de certaines attaques -le New York Post allait jusqu'à affirmer lundi que "les Français ont l'habitude d'être contre tout, y compris l'habitude américaine de se doucher tous les jours".

L'Inde plutôt que la France à l'ONU (New York Times)
Le commentateur Thomas Friedman a proposé dimanche que la France perde son siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU, et le droit de veto afférent, pour le laisser à l'Inde, "parce que très franchement, l'Inde est tout simplement beaucoup plus sérieuse que la France ces derniers temps".

Incitation à la critique (Fox TV)
Jeudi dernier, le commentateur vedette de Fox News, Bill O'Reilly, a appelé les téléspectateurs à submerger les autorités françaises de critiques.

Les caricatures
Parmi une flopée de caricatures récentes, l'une observe que si l'acteur comique Jerry Lewis était secrétaire d'Etat, les Français n'auraient aucun mal à se laisser convaincre.

Dans une autre, une jeune mariée gauloise, reconnaissable à son béret et sa moustache, est énamourée dans les bras d'un Saddam Hussein colossal et bardé d'écussons illustrés de têtes de mort. "Il changera, il faut juste lui laisser le temps", dit la mariée portée par le colosse.

1 100 e-mails désagréables à l'ambassade de France Le lendemain, l'ambassade de France à Washington recevait "1 100 e-mails désagréables", selon Nathalie Loiseau, porte-parole. Pour satisfaire la "formidable curiosité" des médias et de l'opinion publique américaine, elle assure répondre chaque jour à 20 ou 30 journalistes américains.

L'ambassadeur de France, Jean-David Lévitte, a quant à lui donné la semaine dernière une conférence à l'Institut de la paix américain, puis accordé un entretien à la chaîne de télévision publique PBS, et il prévoit encore d'autres interventions écrites et audiovisuelles, selon Mme Loiseau.

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